La réanimation, où sont hospitalisés les patients les plus graves, a été placée sous le feu des projecteurs à l’occasion de la crise sanitaire. Pour répondre à la pénurie d’infirmiers rompus aux gestes et techniques de ce service très spécifique, une formation a rapidement été mise en place au sein des Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS). Elle se matérialise aujourd’hui sous la forme d’un Diplôme universitaire (DU), porté par les professeurs Julie Helms et Vincent Castelain.
« C’est quand on n’est pas formé que l’on stresse de mal faire. » Partant de ce principe, Julie Helms et Vincent Castelain, tous deux Praticiens hospitaliers et professeurs des universités (PU-PH), ont imaginé un DU Réanimation et urgences vitales (leur spécialité) à l’attention des futurs paramédicaux, répondant à des cas observés sur le terrain : « Il faut pouvoir suppléer les défaillances vitales du patient, et pour cela savoir gérer son propre niveau de stress ». Une grande place est donc accordée à la simulation dans la formation, afin d’« avoir appréhendé, avant de les vivre avec le patient, toutes les situations critiques ».
A l’origine de ce DU : des ateliers mis en place « sur le tas » au plus fort de la crise sanitaire. « Nous avons reçu le renfort d’infirmières venues de services conventionnels, très peu habituées à pratiquer des gestes techniques, comme l’intubation ou la pose de cathéters veineux centraux ou drains. Jetées dans le bain, elles en sont souvent sorties traumatisées. Cette situation n’est satisfaisante pour personne. »
Service vital
Car, la « réa » est un service bien particulier, avec ses procédures et une gestion spécifique de l’urgence. Or, à l’issue de leurs études, les Infirmiers diplômés d’Etat (IDE) ne sont pas suffisamment formés à la réanimation et à l’urgence vitale pour appréhender sereinement une prise de poste dans un service de réanimation. Il s’agit d’une spécialité à part entière, dont les spécificités s’acquièrent sur plusieurs mois, voire années. C’est dans ce climat déjà tendu qu’est arrivée la crise sanitaire, qui a mis en lumière de façon criante l’importance de maintenir ce service vital, doté de personnels en nombre et bien formés.
« Alors que nos premières formations ont été improvisées afin de "limiter les dégâts" (environ 70 Infirmiers diplômés d’Etat-IDE volontaires formés, entre Hautepierre et le Nouvel hôpital civil) », celles-ci s’institutionnalisent avec la création du DU.
Indépendamment de la crise sanitaire – puisqu’il ne s’agit plus désormais de former des renforts – l’objectif avec la création de ce diplôme, mis en place en un temps record grâce à des aides du Service formation continue (SFC) et du Centre d'enseignement des soins d'urgences (Cesu) est bien de renforcer en amont l’enseignement de cette spécialité. Il s’adresse aussi bien aux élèves IDE, qu’aux IDE et cadres hospitaliers. L’objectif est aussi de « susciter et détecter de futures vocations, ne cache pas Julie Helms ».
Elsa Collobert