Pas simple de commencer un nouveau job en période de pandémie, dominée par le télétravail… Entre difficultés à appréhender les rouages de sa nouvelle structure de travail, à créer du lien, et quelques satisfactions liées à une organisation améliorée, la parole est à cinq agents Unistra en poste depuis moins d’un an, et un encadrant à l’équipe récemment étoffée.
Pour Alexandre Tatay, attaché de presse de l’université récemment embauché, c’est la « double peine » : « J’ai commencé en janvier 2021, majoritairement en télétravail. Je n’ai donc pu ni nouer de relations, ou très peu, avec mes collègues, ni découvrir comme il se doit la ville dans laquelle je venais de m’installer… » Lui qui occupe une fonction où le relationnel est la clé doit se contenter depuis cinq mois « du courriel et du téléphone pour interagir avec les journalistes, et du tchat avec mes collègues ». Alors forcément, « tout prend plus de temps, pour assimiler les projets en cours, comprendre qui fait quoi… »
Même son de cloche chez Nicolas Rivat, côté encadrement cette fois-ci. Le responsable du département 2IP (Ingénierie et informatique de proximité), a débuté lui aussi en janvier et reconnaît : « Il a fallu jongler entre les différentes présences et absences au bureau, et rencontrer les 29 personnes de mon équipe en entretien individuel m’a pris trois bonnes semaines. Soit beaucoup plus que dans un contexte "normal" ! » Et ils sont très nombreux, les collègues d’autres pôles de la Direction du numérique au sein de laquelle il travaille, qu’il n’a pas encore croisés. Un contexte « peu propice aux échanges », pourtant essentiels pour créer une dynamique de groupe et faire avancer les projets. « Tout est complexifié, des relations humaines à la prise de poste ! »
Des échanges informels qui manquent
Sarah Savoyen-Glass, collègue d’Alexandre Tatay au sein du Service de la communication - ils ne se sont croisés qu’une fois ! - ne dit pas autre chose : « Après avoir enchaîné les missions free lance, j’étais bien contente de débuter un nouveau contrat à l’université, en mars dernier… » Sauf que le début de son contrat coïncide avec la consigne du retour à un maximum de télétravail : « Ici, tout le monde parle en acronymes, c’est un gros monstre qu’on prend beaucoup plus de temps à amadouer quand on n’a pas accès à tous ces temps informels, avant, pendant ou après une réunion. Ça ne va pas du coup sans quelques ratés ! ». Mails ou tchat, prépondérants, rendent aussi « les conversations plus chaotiques », relève Nicolas Rivat. « C’est plus difficile d’y faire passer du second degré ou de l’humour que dans les relations de face-à-face ».
Dans ce contexte, les personnes interrogées reconnaissent l’importance d’une cohésion d’équipe préalable pour faciliter leur intégration et mettre de l’huile dans les rouages. « C’est peut-être mon côté positif qui parle, mais toute ma prise de poste en télétravail s’est déroulée naturellement, raconte Aude Vonthron-Diatta, en poste à l’Unistra depuis novembre 2020 (début du deuxième confinement) après une expérience de six ans à Rouen. La nouvelle responsable du département Contrats de recherche reconnaît avoir été « grandement aidée par la bonne connaissance et entente de l’équipe de cinq personnes » qu’elle supervise. « Je m’estime heureux de ne pas avoir "essuyé les plâtres" en commençant au printemps 2020, ajoute quant à lui Nicolas Rivat. Un an après, les outils de travail à distance sont bien rodés, le virage est pris », apprécie cet ancien salarié du privé, déjà manager dans son précédent poste.
Adaptation
Commencer en plein « confinement dur » : c’est malheureusement ce qui s’est passé pour Marianne Buffard, l’une des trois nouvelles personnes embauchées par le Jardin des sciences (JDS) depuis un an. « Elle a commencé en avril 2020, sur une mission d’autant plus complexe qu’il s’agissait de déployer un projet de science citoyenne autour de la fermeture de la centrale de Fessenheim, dans le Haut-Rhin », raconte Sébastien Soubiran, directeur adjoint de la structure de médiation scientifique de l’Université de Strasbourg. Le rôle du manager est alors « de s’adapter à chaque situation, d’être encore plus attentif aux besoins des agents et redoubler d’efforts pour maintenir le contact ». Une gestion au cas par cas, qui s’est traduite au JDS par l’instauration d’une réunion de service chaque fin de semaine, « pour débriefer de façon informelle et favoriser l’intégration de notre nouvelle collègue ». Dès que cela a été possible, le JDS a également privilégié les nouveaux arrivants pour le travail en présentiel.
L’adaptation, c’est aussi le maître-mot d’Aude Vonthron-Diatta. « Un manager se doit d’être présent pour ses collaborateurs. J’ai donc essayé de me rendre disponible pour des points hebdomadaires bilatéraux sur un créneau fixe ou ponctuellement, en fonction des besoins de chacune. Comme le télétravail permet une bonne organisation, j’ai pu me rendre mieux disponible pour eux ! » De bi-mensuelle, la réunion d’équipe est devenue hebdomadaire.
Dans un contexte où toutes les cartes sont rebattues, une nouvelle génération de managers intègre de facto le télétravail dans sa vision de l’organisation du travail. C’est le cas de Lucas Batho, fraîchement sorti de l’Institut régional d’administration (IRA) de Metz, qui a rejoint en septembre l’université en tant que responsable administratif du Service des bibliothèques (le plus important en termes d’effectifs !). « J’ai moi-même réalisé la fin de ma formation à distance, comment pourrait-il en être autrement ? A dose raisonnable, le télétravail permet de gagner en efficacité, grâce à une meilleure concentration. » Et améliore « la qualité de vie au travail », glisse Nicolas Rivat. Encore faut-il « trouver un point d’équilibre avec l’indispensable présentiel », s’accordent les deux encadrants. Une tâche à laquelle vont s’atteler toutes les directions de l’université, dans la perspective du 9 juin et du desserrement des consignes autour du télétravail. « On n’attend que ça ! » conclut Alexandre Tatay.
Elsa Collobert